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District 1700 du Rotary International

Agir au-delà des frontières

Il y a sept ans, nous avons décidé, mon épouse et moi, d'aller visiter la Province du Nahouri située au sud du Burkina Faso et plus particulièrement la commune rurale de Tiébélé réputée pour ses maisons soigneusement décorées par les mains expertes des femmes Kasséna et cet ensemble architectural est appelé la « Cour royale de Tiébélé ».

La cour est caractérisée par une riche architecture traditionnelle de caractère défensif. C'est une enclave d' 1,2 Ha entourée de hauts murs de clôtures reliés par des murs d’habitations.

L’habitat Kasséna est entièrement construit en matériaux locaux, il n’y a aucune fondation, les murs sont élevés en terre façonnée. Après construction, les femmes appliquent une décoration murale aux motifs et techniques variables. Cette pratique remonte au XVIème siècle. Les Kasséna font partie des groupes ethniques les plus anciens installés au Burkina Faso.

Le Burkina Faso est un pays pauvre et certainement un des pays les plus pauvres dans le monde mais ses habitants sont culturellement riches, et décorer les murs de sa maison est une pratique très ancienne qui a traversé le temps et perdure de nos jours.

Nous avions décidé de visiter cette partie du Burkina Faso à la suite d'un reportage TV dans lequel on découvrait un homme passionné par son pays et ses traditions et nous nous étions mis en tête de le rencontrer.

Au bout de plusieurs excursions, nous avons fini par faire connaissance de ce « Monsieur », Cyrille Kouhizoura, Prince de la famille royale des Kassena,.... Et nous avons appris une drôle d'histoire à son sujet. Il s’occupait au sein de son village de nombreuses associations (culturelles, sociales, de développement, de santé.... plus d'une dizaine!!) et aussi dirigeait une entreprise qui devait livrer des tables, bancs et armoires, commandés par des fonctionnaires, et destinés à une école. A la suite d'un désaccord (bakchich réclamé par ces fonctionnaires), Cyrille Kouhizouna est resté avec le matériel sur les bras et comme son entreprise avait un stock de moellons, il a commencé à monter les murs de trois classes d’école…Mais ce brave homme était coincé car il lui fallait acheter les « IPN » et les tôles pour faire le toit et installer toutes les fermetures.

Donc Sophie et moi avons acheté tout le matériel pour terminer ces trois classes et les ouvrir aux élèves. Puis par la suite, un bâtiment administratif et des toilettes ont été construits. Auparavant, nous nous étions assurés que le projet de Cyrille était crédible et qu'il avait les autorisations nécessaires pour ouvrir un établissement privé d'éducation. Nous avions mis le petit doigt dans un engrenage…dans les "dents" de la roue du Rotary, volontairement et avec le plaisir d'apporter des solutions à des personnes, certes démunies, mais dont l'accueil est des plus chaleureux.

Aujourd'hui, où en sommes-nous ?

De 3 classes, nous sommes passées à 9, puis à 11 et aujourd'hui, nous comptons 485 élèves. De collège, nous sommes passés à Lycée avec l’ouverture de 2 Sections, littéraire et scientifique de la seconde à la terminale. Nous avons tous les agréments de l'état, nous n'employons que des professeurs burkinabés qui ont obtenu les diplômes nécessaires pour enseigner. Et nous suivons scrupuleusement les programmes prévus par l'Education Nationale burkinabée.

Côté résultats aux examens, pour le BEPC 2015, nous avons eu 75 % de reçus alors que la moyenne nationale était de 35 %...Nous étions les premiers de la région ! En 2017, nous n’avons que 50 % de réussite mais toujours les premiers. Nous sommes passés de 60 à 120 élèves avec 2 classes de troisième. En 2018, nous avons encore eu de bons résultats au BEPC et au BAC puisque depuis deux ans, 2 séries ont été ouvertes… Et en plus pour mieux suivre les enfants, nous limitons les effectifs à 80 élèves par classe au lieu de 120 dans le public.

Sophie et moi avons tout financé, seuls, sans aucune aide, les bâtiments et les équipements. Nous garantissons les salaires de tous les professeurs. Pour vous donner une idée, un professeur gagne environ 100 000 - 120 000 CFA (152/182 euros).

Nous avons donné notre 4x4 (notre ancien Xtrail) à Cyrille qui en avait bien besoin là-bas...et ce véhicule roule toujours ! Aujourd'hui, Cyrille n'a plus d'autre occupation que de diriger le lycée. Il n'a plus de revenus « annexes » et tire le diable par la queue... cette année, nous avons réussi à le rémunérer. Bien entendu, la scolarité n'est pas « gratuite » (pour un enfant, c'est entre 60 et 75 000 CFA, selon le niveau soit 91 et 114 euros).

Une association "les amis de l'Excellence à Tiébélé" a été créée dont l'objectif est d'améliorer les conditions de vie scolaire au collège et au lycée l’Excellence à Tiébélé et de parrainer des élèves dont les parents ne peuvent pas assurer les frais de scolarité.

Tout n'est pas réglé et les besoins sont multiples !

Dans nos projets, nous avons la création d'une clôture sur un côté de l'établissement. Le terrain, sur lequel est implanté le Lycée, est très grand et sans clôture nous avons du mal à surveiller les allées et venues des élèves. Notre réussite est en grande partie basée sur la discipline !

Nous pensons aussi au creusement d'un puits et la construction d'un mini château d'eau. Chaque jour, nous accueillons 550 personnes et le besoin en eau est important ! Ceci va pouvoir démarrer rapidement car nous avons bénéficier d'un don « anonyme » de 3000 € qui va nous permettre de commencer le forage…

Le manque de moyens et d'infrastructures est le problème majeur de l'enseignement secondaire en Afrique. Ce problème crée un décalage de niveau entre l'Afrique et le reste du monde. Il nous faut donc disposer de plus d'ordinateurs avec une connexion Internet de bonne qualité pour former les jeunes aux outils numériques.

A plus long terme, nous envisageons de profiter de la proximité de la retenue d'eau pour faire des plantations de légumes et ainsi proposer une « cantine ». Et rêvons un peu, créer un petit élevage, dispenser des cours du soir aux adultes, proposer des formations professionnelles, créer un internat...

Depuis notre première visite au Burkina Faso, le Lycée nous a beaucoup occupés mais il n'a pas été notre seul point d'intérêt et cette année, Sophie et moi, avons mis en place à Tiébélé, au mois de mai, la première opération "Mon Sang Pour Les Autres ". Ce fut une réussite avec 95% de nouveaux donneurs ! D'autres opérations seront réalisées avant la fin de l'année.

Nous préparons aussi la création d'un nouveau Club : le RC du Nahouri. Ce club sera riche d'environ 30 membres. Sa remise de chartre est prévue en septembre prochain. Bien entendu, Sophie et moi serons membres fondateurs de ce nouveau Rotary Club au "Pays des hommes intègres" (*).

Pour finir, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux parrains pour les élèves du Lycée...Et si cette aventure vous intéresse, si vous souhaitez apporter votre contribution à ce formidable projet éducatif n'hésitez pas à nous contacter...ensemble nous serons plus forts pour apporter des solutions durables !

 

Article rédigé par Jean-Marc Martinez

RC Toulouse

(*) « Burkina Faso » signifie « la patrie (le pays) des hommes intègres » :

  1. Burkina : c’est un mot moré qui veut dire « intégrité, honneur. L’homme indépendant »
  2. aso : c’est un mot dioula qui veut dire « pays, territoire, terre ou patrie. La maison du père »

Pour nous contacter

Pour me contacter, ou contacter l'association "les amis de l'Excellence à Tiébélé" :

Ou ceux de mon épouse :

Sophie entourée d'élèves

Jean-Marc

Sophie avec des femmes du village

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