Avant tout propos, posons la définition de l’illettrisme et de l’analphabétisation.
L’illettrisme concerne les personnes qui ont appris à lire et à écrire, mais qui en ont complétement perdu la pratique et sont incapables de maîtriser un texte.
L’analphabète est une personne qui n’a jamais appris à lire ou à écrire.
L’illettrisme aggrave l’exclusion en tant que langue pauvre, génère la violence et rend vulnérable face à tout propos factieux.
Le Rotary en a fait son combat et l’un de ses piliers.
Très brièvement, je m’aventurerai sur quelques chiffres. D’après l’INSEE (avril 2024) il y a 1,400Milllions d’illettrés en France. Ce qui met en évidence que 4% des personnes âgées de 18 à 64 ans, ayant fait une scolarité en France sont considérées comme illettrées.
La cause la plus fréquente est le déficit de langage dans les cours préparatoires dû au milieu familial dans la plupart des cas. On comprend que le quotidien de l’illettré soit difficile notamment pour ses déplacements, ses achats alimentaires et autres et tous les actes de la vie.
Mais depuis quelques années, se fait jour un problème encore plus grave car il concerne le décrochage scolaire . Ces enfants seront les illettrés de demain. Toujours selon l’INSEE, 7,6% des jeunes de 18 à 24 ans sont déscolarisés et 5,2% des 14/16 ans ne le sont plus du tout. Alors, ne nous étonnons pas que la violence gagne du terrain dans la jeunesse. Certains jeunes sensibles à un regard ,selon eux discriminatoire ,ou à une remarque qu’ils interprètent comme irrespectueuse sont prêts à exploser et à manier la violence physique au moindre accroc. C’est sans doute que le passage de valeurs fait par l’Ecole et surtout les parents est absent. Quant il manque les mots, que l’on ne sait pas communiquer par la parole, reste la violence pour se faire entendre...
Les chiffres sont parlants : plus de 20% de la population française ne possède qu’une langue réduite, soit 600 à 800 mots quand la moyenne se situe entre 5000 et 6000 pour accepter et comprendre les nuances de langage… !
Quant à la lecture, certains n’ouvriront jamais un livre de leur vie … La télévision étant la solution de facilité n’exigeant aucune effort intellectuel, ni esprit critique. Sur le sujet, je préfère suivre la voie de Jacqueline de Romilly qui disait : « apprendre à penser, à réfléchir, à être précis, à peser les termes de son discours, à échanger les concepts, à écouter l’Autre, c’est être capable de dialoguer ; c’est le seul moyen d’endiguer la violence qui monte en nous. La parole est le rempart contre la bestialité »
Parce que l’illettrisme représente un défi social majeur, le Rotary en a fait une de ses priorités. Pour Paul HARRIS, le Rotary est une force d’intégration dans un monde trop souvent dominé par des forces de désintégration .
Quels moyens, le Rotary a-t-il mis en place pour combattre l’illettrisme ? Des protocoles éducatifs dès le plus jeune âge, des programmes d’actions adaptées aux besoins locaux, comme le bénévolat avec « Lire et faire lire » , le réseau Ecole de la 2ème chance pour l’insertion des adolescents qui propose une formation rémunérée aux jeunes entre 16 et 25 ans sortis du cursus scolaire et sans emploi. Aussi le Coup de pouce clé qui est un apprentissage renforcé de la lecture au CP.
Et enfin, la Dictée du Rotary, action nationale et francophone qui permet de sensibiliser les enfants et adultes de manière ludique et conviviale à l’écriture, au maniement du langage et à l’enrichissement du vocabulaire. Elle se déroule tous les ans dans toute la France et les pays francophones depuis 1978 et concerne les élèves de primaire, collégiens, lycéens et adultes. Son véritable enjeu est d’encourager les enfants à écrire, car c’est par l’écriture qu’ils s’arment pour l’avenir et acquièrent ainsi leur liberté.
Le Rotary s’est engagé à son niveau dans ce défi, celui d’apporter la lumière de la connaissance à tous ceux qui ne l’ont pas, c’est l’un de ses buts majeurs ; c’est précisément parce que c’est difficile que le ROTARY réussira.
Permettez -moi de laisser le dernier mot à Albert CAMUS : « Ma Patrie c’est la langue française ».
Amitiés rotariennes
Mireille MERLIERE (RC Toulouse)