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District 1700 du Rotary International

Le Rotarire : pour passer des larmes au rire !

Q : Comment cette action est-elle née ?

R : Sans doute comme dans de nombreux clubs, un jour, un de nos membres a exposé en réunion statutaire un sujet qui le préoccupait, celui des « femmes victimes de violences ». La réflexion qui s’en est suivie, a été animée et elle nous a amenés à la création de l’action ROTARIRE.

Q : Pourquoi s'intéresser aux problèmes des femmes victimes de violences ?

R : Trois raisons essentielles :

1.      L’un des axes majeurs du Rotary International concerne la santé des mères et des enfants au travers de la qualité et l'accès aux soins mais le sujet précis des « femmes victimes de violences » n’était pas évoqué en tant que tel.

2.      Nous n’avions pas connaissance que dans les clubs du grand Toulouse, le problème des femmes victimes de violences ait été abordé. Nous avons donc décidé de démarrer cette action seuls dans un premier temps, mais en ayant à l’esprit de faire adhérer par la suite d'autres Rotary Clubs.

3.      Un des éléments majeurs de notre décision a été une rencontre déterminante avec une jeune femme tout juste « échappée » de cet enfer. Une histoire et une tranche de vie qui ont plongé le club dans un tel état d’empathie qu’il n’était plus possible de ne pas agir.

 

Q : Les violences faites aux femmes apparaissent encore, dans notre société, comme un sujet "Tabou". Comment en parle-t-on librement dans un Rotary Club ?

R : Au fil des réunions, les langues se sont déliées pour finalement convenir que nous étions nombreux à être plus ou moins au courant des agissements de certaines personnes mais qu’individuellement, nous ne savions pas comment nous y prendre pour venir en aide aux victimes.

En étudiant un peu plus le sujet, nous avons pris conscience que le chiffre officiel « de femmes battues » était imprécis parce que peu de femmes osent porter plainte, parce que peu de policiers ou gendarmes sont formés pour les accueillir et les écouter et que finalement, pour des raisons de manque de preuves et de défaut de flagrance, peu de plaintes sont jugées recevables et enregistrées.

Les seuls chiffres dont nous disposons sont d’une part une « estimation annuelle de 225 000 femmes françaises victimes de violences » et d’autre part le chiffre des décès suite à mauvais traitements, Ce chiffre est en France d’un décès tous les 3 jours soit environ 120 femmes par an. Mais les statistiques admettent un « dark number ». On n’en connaît pas l’ampleur mais il est sûr que certains décès ne sont pas « comptabilisés » dans celui des décès consécutifs à des violences faites aux femmes.

Q : Pourquoi moins d'1 femme sur 10 porte-t-elle plainte ?

R : Afin de mieux comprendre le problème, nous avons essayé de cerner le cheminement de la victime. Nous avons fait le constat que le cheminement des victimes est très souvent identique, le cheminement du tortionnaire,également. En voici les grandes lignes :

Après le « recrutement », car je suis intimement persuadé que le bourreau choisit sa victime, le « charmeur », ayant ferré sa proie, devient progressivement brutal, physiquement, moralement, ou des deux façons et le tortionnaire se dévoile peu à peu.

La femme-victime se dit alors qu’elle est peut être un peu responsable de ce qui arrive.

Elle pense aussi que la première gifle ou la première phrase acide n’est qu’un accident, une exception et que cela ne se reproduira pas.

Elle est prête à croire aux regrets de celui qu’elle ne considère pas encore comme un bourreau, à lui pardonner, à lui trouver des excuses...

Elle ira jusqu’à se dire que son compagnon/mari/concubin a un problème et qu’elle doit l’aider à s’en sortir. Elle aime malgré tout celui qui l’humilie et la blesse.

Suivent en général une accélération et une intensification des violences.

C’est aussi le début de l’isolement social de la victime, de l’organisation de la rupture avec tout milieu extérieur.

Le dénigrement est une autre « arme » : la victime finit par croire qu’elle n’est « bonne à rien » et que finalement, elle a de la chance d’être acceptée par son mari/compagnon…

Dans le même temps, débute une phase de honte : elle se croit seule dans son cas et n’ose en parler à quiconque.

Elle songera bien à quitter le domicile, mais c’est par peur d’être retrouvée et des représailles qui suivront qu’elle ne le fera pas...jusqu’au jour ou le sentiment d’être passé trop près de la mort la fera réagir et partir.

S’ajoute bien sûr le manque d’autonomie financière qui ne permet pas de partir facilement.

Et puis, où aller quand les liens avec la famille, les amis etc... ont été rompus.

Se surajoute, le problème des enfants s’il y en a eu avec le tortionnaire. Cela complique le départ et le lieu d’asile à trouver.

Difficulté et isolement supplémentaires, l’enfant trouvera trop souvent « normale » l’attitude violente du tortionnaire et enfoncera un peu plus sa mère.

Q :Comment avez-vous choisi et trouvé une association qui se préoccupe des femmes victimes de violences ?

R : Après avoir essayé de mieux comprendre le problème délicat des femmes victimes de violences, il nous fallait trouver une association honnête qui utilisera les fonds à bon escient : comptes bancaires en règle, pas ou très peu de salariés mais des gens qui agissent bénévolement, pas de véhicule de fonction coûteux, pas de frais de publicité tapageuse, pas de repas exorbitants, pas de voyages pour des séminaires dans des pays ensoleillés etc... Bref, que tout euro versé soit utilisé à cette noble cause et pas à autre chose.

Il fallait en plus, dans notre cas, trouver une association qui agisse dans la discrétion : Une femme qui s’enfuit veut d’abord et avant tout que son tortionnaire ne puisse pas la retrouver. Nous avons donc laissé tomber toutes les associations officielles ayant pignon sur rue et qui ne répondent pas à tous ces critères...jusqu’au jour où des recoupements discrets nous donnent la « bonne » adresse, un véritable « lieu pour l’utopie ». Visites, discussions, questions indiscrètes poussées, estimation des côtés « humain, authentique, solidaire et désintéressé », bref appréciation de l’adéquation de l’association et de ce que nous recherchons.

En partageant leur repas, nous avons vécu un moment de grâce avec les responsables/créateurs de cette association située en Haute Garonne.  Émotion maximale, retour en voiture très silencieux...Nous avions trouvé l’association que nous cherchions.

Q : Pourquoi organiser un spectacle comique pour un sujet aussi douloureux ?

R : Notre jeune club n’avait ni les moyens ni l’envie de financer purement et simplement l'association que nous avions choisie. Et remettre des chèques et se dire que nous avons fait une bonne action, ce n'est pas le but du Rotary !

Il nous a donc fallu définir une forme d'action . Une action récurrente ou bien de type « one shot » ? Quels vont être les besoins réels de l’association ?

Tout d'abord, nous avons opté pour une action récurrente car le problème ne sera pas réglé de sitôt. En cherchant à la fois le type d’action propre à générer des fonds et sa dénomination, nous avons abouti à « ROTARIRE »...pour faire passer les femmes des larmes au rire ( car il faut bien positiver) et pour intégrer le vocable « Rotary » dans l’appellation de cette action.

Nous avons donc décidé de mettre sur pied un spectacle comique, un show intégrant la définition du problème et la façon dont nous souhaitons intervenir. Avant tout, il nous fallait trouver un(e) artiste comique qui va se sentir concerné(e) par notre objectif, qui va nous faire des tarifs compétitifs, l’objectif étant de donner un maximum de fonds  à l’association et non à l’artiste.

Puis, nous devions trouver un lieu, une salle, gratuite pour alléger les frais et décider d’une date. Et pour finir, organiser la communication et la publicité autour de cet évènement.

Q : Comment intéresser d'autres Rotary Clubs à votre cause ?

R : Tout faire avec les membres de son seul club est énergivore et chronophage. Mais nous savions que pour emporter l’adhésion d’autres clubs, il nous fallait, pendant 2 ou 3 éditions « ramer et faire nos preuves ».

Nous avons démontré que l’objectif est bien "Rotarien" et digne d’intérêt..Bref, aujourd'hui avec le 'Rotarire", nous avons été capables de créer un cadre dans lequel les autres clubs pourront s’insérer. Certes, ils amèneront des idées nouvelles, proposeront des modifications, mais ils amèneront d’abord dans un premier temps des forces vives et des compétences.

Voici comment est née, il y a trois ans maintenant, l’action ROTARIRE au club de Grenade. Cette année, le spectacle du 21 avril est encore organisé par mon club seul...mais déjà des voix se font entendre comme partenaires potentiels pour 2019.....Wait and see !!!

 

Alain Debart

Rotary Club de Grenade